Depuis dix ans, Jean-Bernard Favre veille à la sécurité des enfants sur un passage piétons à Cernier. Retraité, il a choisi de donner du sens à son quotidien en endossant le gilet du patrouilleur scolaire. Entre sourires d’enfants et incivilités routières, il raconte ce qui l’anime jour après jour.
Jean-Bernard Favre prend sa palette et endosse son gilet fluorescent. Depuis dix ans, fidèle au poste sur « son » passage piétons du Haut du Bois du Pâquier à Cernier, il calque son quotidien sur les entrées et sorties des écoles afin d’aider les enfants à traverser cette route passante.
Les patrouilleurs scolaires sont formés et gérés par la police et sont équipés par le TCS. Jean-Bernard Favre avait commencé cette activité pour garder un rythme de vie, la retraite venue. Mais, surtout, il voulait contribuer à la sécurité des petits qui doivent affronter les dangers de la circulation sur le chemin de l’école. Interview.
Comment vivez-vous votre activité de patrouilleur scolaire ?
Avant tout, il s’agit de rassurer l’enfant. La confiance ne se décrète pas : elle se construit. Plus l’enfant connaît son trajet, plus il se sentira à l’aise. Commencer à parcourir ensemble le chemin plusieurs semaines avant la rentrée est une excellente idée. Ce qui est familier devient rassurant. Petit à petit, on le guide pour qu’il anticipe les dangers lui-même : « Que fais-tu ici ? » « Où dois-tu regarder ? » L’objectif est simple : transformer chaque trajet en répétition générale, jusqu’à ce que les bons gestes deviennent des réflexes.
Et les adultes ?
Ils devraient parfois mieux donner l’exemple. Certains adultes traversent volontairement à côté du passage, même quand des enfants attendent. Ce n’est pas une chose à faire.
Que dire des automobilistes ?
L’énorme majorité est respectueuse. Mais je constate que les gens sont plus impatients qu’avant. Et surtout inattentifs. C’est fou le nombre de personnes qui regardent leur téléphone en roulant. J’en ai même vu une qui se lavait les dents au volant ! Ces comportements augmentent le danger pour les piétons.
Avez-vous subi des incivilités ?
Trois fois en dix ans, des conducteurs sont passés tout droit. Volontairement ? En tous cas, j’en ai dénoncé deux à la police. Le troisième, il était revenu en arrière en tremblant. Il ne m’avait pas vu et était vraiment choqué. En tous cas, je trouve que cela se durcit. Il y a davantage d’agressivité. Dernièrement, j’ai fait une remarque à un conducteur qui montait sur le trottoir pour éviter une auto en présélection au lieu d’attendre. Il m’a littéralement couvert d’injures !
Cela vaut quand même la peine de continuer ?
Ah oui ! La fonction de patrouilleur a tout son sens. Sa présence reste plus que jamais nécessaire sur le chemin de l’école.
